La fameuse petite voix intérieure. Celle qui nous chuchote au creux de l’oreille, tentant de nous éviter certains écueils de la vie. C’est la partie la plus sage en nous. Ironiquement, c’est aussi celle qu’on écoute le moins. Surtout en amour.
Pourtant, c’est un peu comme notre système d’alarme interne. C’est un relent de notre inconscient qui essaie de nous avertir. C’est elle qui lève les drapeaux rouges, qui donne les signaux d’alarme, qui sonne la cloche. Elle nous indique Attention! en gros néon rouge et le fait flasher en permanence jusqu’à ce qu’on la remarque enfin.
Parce que, il faut bien se l’avouer, on refuse presque systématiquement ses conseils. On dit que l’amour rend aveugle, mais ça nous rend aussi sourd à cette prophète de malheur qui tente de nous prévenir. On veut l’étouffer, mettre le couvercle. On ferme les yeux, quitte à se les crever. Tel un ado qui n’accepte pas de se faire faire la morale, on la rejette d’emblée quand elle nous parle. On la trouve platte. On la banalise, on l’isole, on la somme de se taire. On la traite de casseuse de partys. Parce que oui, elle est moralisatrice. Oui, elle est platte. Oui, elle fait chier.
Alors on trouve plein d’excuses pour ne pas la prendre en considération.
On se dit qu’elle capote, qu’elle trouve toujours quelque chose, que c’est juste une chialeuse qui attend le prince charmant parfait alors que ça n’existe pas. Qu’à force de chercher des poux, ça commence à piquer de partout. On se dit qu’elle veut nous surprotéger, qu’elle alimente notre peur de l’engagement, qu’elle fait tout pour pas que ça marche. Pis qu’après plusieurs rencontres-échecs, elle ne sait même pu c’est quoi l’amour, comment ça marche. Qu’elle rejette tout en bloc, au cas. Qu’elle tique sur des niaiseries. Qu’il faut bien laisser une chance au coureur plutôt que lui faire une jambette dès le départ! Que y’aura toujours quelque chose. Que rien n’est parfait, que tout le monde a des défauts, que c’est de même la vie, que toi-même t’es la plus imparfaite des femmes. Qu’elle est intolérante, intransigeante, capricieuse.
Faque on s’entête, on buck, on persiste. On s’acharne. On n’apprend pas de nos erreurs. On la remet toujours en doute, on se méfie. Comme si elle prenait un malin plaisir à briser nos espoirs sans fondement. Juste pour le fun. C’est pourtant celle qui nous connaît le mieux. Qui sait quels sont les défauts avec lesquels on peut vivre. Ce qu’on peut accepter et ce qu’on ne pourra jamais. Mais on ne l’écoute pas. On s’enfonce dans le déni. Jusqu’à ce qu’on pogne le mur. Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elle avait raison. Que, finalement, ce qu’elle nous disait était vrai. Qu’en fait, c’est exactement ça la cause de l’échec. Parce qu’elle a beau être faticante, nous faire la morale, nous gosser avec ses mauvais présages… elle a souvent raison.
Évidemment.
Après tout, c’est notre ressenti, la voix de notre intuition. Notre petit doigt qui nous parle, notre 6e sens qui s’active. Elle nous connaît comme le fond de sa poche. Elle est aux aguets. Elle anticipe l’erreur, l’échec redondant, l’histoire qui se répète (ou celle qu’il ne faut pas commencer) avant même qu’on en ait conscience. Elle voit arriver le danger, le louche, les atomes pas crochus. Comme aux échecs, elle a toujours quelques coups d’avance sur nous.
C’est pour ça qu’il faut lui faire confiance, l’écouter, lui porter attention. Attendre patiemment. Parce que les signaux ne poppent pas quand tu es à la bonne place. Oui, y’aura toujours quelque chose, aucune relation n’est parfaite. Mais y’aura rien qui va s’allumer en gros néon rouge qui flashe.
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