not all men mais ou sont nos alliés

Elisapee Angma, Marly Edouard, Nancy Roy, Myriam Dallaire et sa mère Sylvie Bisson, Nadège Jolicoeur, Rebekah Harry. Des femmes, des sœurs, des filles, des mères qui laissent 14 orphelins derrière elles.

La violence conjugale est un problème au Québec. Ces 7 victimes en 7 semaines viennent malheureusement le prouver de la pire des façons. Et ces meurtres, gestes ultimes, ne sont que la pointe de l’iceberg des violences conjugales. Depuis le début de l’année, 7 féminicides. Parce que oui, c’est comme ça qu’on appelle ça. Ces femmes ont été tuées parce qu’elles sont des femmes. Parce que leurs conjoints ou ex-conjoints perdaient le contrôle sur elles et ont préféré les tuer plutôt que de les laisser aller. Parce que leurs conjoints ou ex-conjoints n’ont pas été en mesure de gérer les émotions reliées à leur séparation. Parce que leur conjoints ou ex-conjoints étaient des hommes violents.

Quand on parle de ce fait, immanquablement, certains s’insurgent. Les hommes aussi vivent de la violence conjugale! Oui, je suis d’accord. Ça existe et c’est tout aussi triste et regrettable. Personne, peu importe son sexe, ne devrait avoir peur de son ou sa partenaire de vie. La violence subie par les hommes est une cause importante. Mettez sur pied des ressources, posez des actions et attirez l’attention des médias sur cette problématique à un moment qui est adéquat. Comprenez que quand une femme est tuée, ce n’est pas un moment adéquat. Cette dénonciation de la violence subie par les hommes au moment du meurtre d’une femme est un manque de respect profond. Ça contribue à banaliser mais surtout à dévier le débat de l’enjeu central. Aucun homme n’a été tué par leur conjointe depuis le début de 2021. Par contre, 7 femmes l’ont été par leur conjoint ou ex-conjoint. C’est de ça dont il faut parler, là, maintenant.

Une autre tendance de déviation du débat repose sur le Not all men. Des hommes qui se font un point d’honneur de crier haut et fort que c’est pas tous les hommes qui sont violents. Encore une fois, je suis d’accord à 300 %. Ces interventions sont inutiles et contribuent, elles aussi, à faire dévier le débat principal. Dans ces situations, plutôt que de le crier et l’écrire, prouvez-le, le not all men… soyez des alliés! Ce serait tellement plus aidant que ces hommes disent : certains hommes sont violents et c’est inacceptable. En tant qu’homme, je ne cautionne pas la violence. C’est important d’aller chercher de l’aide quand on vit un bout tough. Je vais contribuer à sensibiliser les gens et faire partie de la solution plutôt que de bêtement m’opposer à une phrase pourtant pleine de vérité : les hommes sont majoritairement les agresseurs et les femmes majoritairement les victimes des meurtres commis dans un contexte conjugal. Et c’est là-dessus qu’il faut travailler en premier. Ce qui n’empêche pas de travailler sur le reste.

Plusieurs mettent aussi en lumière le manque de ressources pour hommes. Il y en a pourtant mais elles ne sont pas utilisées autant qu’elles le devraient par ceux qui en ont le plus besoin. C’est une simple hypothèse mais peut-être que plusieurs hommes ne sont pas portés à les utiliser parce que ça ne correspond pas à l’image de la masculinité véhiculée par la société qui dit qu’un homme, ça n’a pas besoin d’aide. Ça ne pleure pas. Ça ne parle pas de ce qu’il ressent, surtout pas à un professionnel. C’est faite tough pis ça endure. (Jusqu’à ce qu’il explose). Peut-être que c’est enraciné assez profond comme discours. Peut-être que ça empêche certains hommes d’avoir le réflexe de demander de l’aide, de parler à quelqu’un et d’accepter qu’ils sont en détresse. Peut-être que ça les empêche d’admettre qu’ils sont violents et que leur façon d’aimer est déficiente, malsaine et, surtout, inacceptable. Que c’est pas ça l’amour.

Et pour ceux qui arrivent à demander, les mêmes ressources n’arrivent bien souvent pas à offrir des services rapides faute de personnel suffisant et de moyens financiers conséquents. Même chose du côté des ressources pour femmes. Le filet social s’effrite au Québec. En tant que société, nous échouons à protéger les femmes victimes de violence conjugale. Le juridique, le politique, le policier sont tout autant d’aspects qui n’arrivent pas à mettre en place des mesures adéquates pour assurer leur sécurité.

Je pense à ces 7 femmes qui auraient pu être une amie, une collègue, une cousine. À ces 7 femmes qui sont nos sœurs à tous. Je pense à elles et j’ai mal. Je pense à toutes les autres qui vivent une situation difficile. Qui espèrent que leur conjoint va changer. Qui souffrent, en silence, depuis longtemps. Qui endurent des comportements violents et qui ne savent pas quoi faire. Je pense à elles et ça me vire à l’envers. Je ne peux que leur dire qu’elles ne sont pas seules, qu’il y a des ressources. Est-ce suffisant? Je pense à celles qui décident, avec un courage gros comme la terre, de quitter leur relation toxique, malgré la peur des représailles. Je pense à elles et j’ai peur. J’espère de tout coeur que nous serons en mesure de les soutenir adéquatement dans le brisement de leurs chaines. Que nous saurons les protéger collectivement pour qu’elles ne deviennent pas la 8e victime.

SOS violence conjugale 24/7

1 800 363-9010

https://maisons-femmes.qc.ca/

Ressources pour hommes

https://autonhommie.org/

https://www.acoeurdhomme.com/besoin-daide

https://accordmauricie.com/

Vous en trouverez d’autres partout au Québec dans le Répertoire des programmes québécois destinés aux hommes violents envers leur conjointe

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