Le monde est ébranlé. Nos petites habitudes sont bouleversées. On assiste tous, pantois, à la mise en place de mesures préventives qui bousculent notre quotidien comme jamais. Les bases acquises de notre société sont déstabilisées. Il y a  beaucoup de panique, beaucoup de stress et une avalanche d’informations, parfois contradictoires, qui nous arrivent de toutes parts.

Comme tout changement, les gens ont des réactions diverses par rapport à cette situation. Certains s’adaptent, d’autres y sont farouchement opposés. Entre les deux, les réfractaires, ceux qui font du déni et ignorent totalement les consignes, mais aussi ceux qui s’en accommodent avec bonne humeur, cherchant le meilleur dans cette situation imposée.

Je suis une personne profondément rationnelle. Les gouvernements, pleinement conscients des énormes conséquences de telles mesures, ne prendraient pas ces décisions si ce n’était pas absolument nécessaire. Je suis de ceux qui croient qu’il ne faut pas paniquer. Ça ne sert à rien de stocker des denrées (lire papier de toilettes) pour 6 mois, de ne plus dormir et de dire aux enfants qu’on va mourir. Par contre, c’est important d’agir et de le faire intelligemment. Comprendre que notre monde doit être changé momentanément. Ça veut dire éviter de sortir si ce n’est pas nécessaire. Respecter les mesures mises en place.

Il y a une grande différence entre désir et besoin. Il faut répondre à nos besoins réels et accepter de mettre de côté tout ce qui relève uniquement du désir. Accepter que nos petits nombrils ne dictent pas notre conduite au détriment de la santé collective.

C’est en gros le cœur de la problématique puisqu’il s’agit, il me semble, de la partie avec laquelle beaucoup de gens éprouvent de la difficulté. Ça me décourage de voir à quel point nombre de gens n’acceptent pas de perdre quelques privilèges momentanément. Mais ça m’encourage aussi de voir le même pourcentage d’autres gens relever le défi avec brio. Parce qu’en ce temps d’adaptation, on voit ressortir le meilleur et le pire chez nos semblables.

Le pire chez les gens qui reviennent de voyage ou qui ont été en contact avec ceux-ci et qui ne respectent pas l’isolement volontaire parce que c’est dérangeant sur leur routine. Ou encore chez les gens qui dévalisent certains produits essentiels égoïstement, sans penser aux autres. Encore pire : ceux qui achètent le plus possible de produits importants comme le désinfectant avec l’intention de les revendre à gros prix par la suite. Un opportunisme marchandeur non seulement égoïste mais aussi profondément mesquin. Des gestes qui démontrent que l’humain, c’est parfois très laid.

Le meilleur dans la solidarité qui se crée un peu partout dans les milieux de vie. Des gens qui font don de la valeur d’un billet annulé pour aider l’artiste à manger malgré les pertes. La mise en place dans des villages de service de livraison destinés aux personnes âgées. Des groupes de parents qui se partagent la garde des enfants en rotation pour permettre d’effectuer le travail requis. Des familles qui se soudent pour soutenir une personne âgée confinée. Des gens qui offrent spontanément leur aide pour faire des épiceries ou aller chercher des médicaments à des gens de leur quartier qui en ont besoin. Partout, des initiatives merveilleuses démontrent que l’humain, c’est beau, vraiment beau.

Devant cette situation, je ne peux que m’adapter en étant reconnaissante pour la vie que j’ai, pleine de privilèges et de beautés qui ne sont pas accessibles pour tant d’autres humains sur la planète. Je ne peux qu’apporter mon soutien en étant admirative de tous ceux qui travaillent dans le milieu de la santé. Je ne peux qu’accepter de mettre une partie de mes désirs de côté en restant chez moi sauf en cas de besoin parce que je suis consciente que ce simple geste contribue à la santé collective de tous ceux qui m’entourent.

Je ne peux que penser à moi non pas de façon individuelle, mais comme faisant partie intégrante d’une communauté, d’une société, d’un tout.

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